Méditation sur la Révélation Divine et le Prophète Yahya
Introduction
« Un grand plaisir pour moi d’être aujourd’hui avec vous » et d’élargir la pensée, la réflexion sur la parole de Dieu.
Qui sommes-nous ? Nous, les hommes, les créatures qui recevons un message et qui essayons de le déchiffrer, déchiffrer les signes, les versets – qui s’appellent en réalité les signes de Dieu, le langage. Et comment ce langage est interprété quand il est révélé à des élus, à des Awliyâ (saints), à des prophètes ? Et comment il est compris ? Et comment cette discussion s’établit-elle entre le Créateur et la créature lorsqu’elle est choisie pour porter la parole et vivre la parole ?
Je suis un peu bouleversé dans cette réflexion, et je voudrais partager un peu cette émotion avec nos frères, avec nos sœurs, les chercheurs, ceux qui sont imprégnés par la saveur de la révélation et qui vibrent à chaque signe qui les interpelle. C’est aux amoureux des signes, aux amoureux de la parole et de la révélation que je voudrais m’adresser aujourd’hui pour partager avec eux une méditation.
La Miséricorde Divine Précédant l’Élévation
Ce qui me bouleverse aujourd’hui, c’est le prophète Yahya (Jean-Baptiste). On n’en parle pas beaucoup en examinant les signes de la révélation qui le concernent, et pourtant, quand on approfondit, on est saisi : cette révélation autour de ce personnage est touchante, profonde.
Il est curieux, ce moment où Dieu se révèle. Il nous propose un monde, et dans ce monde – qu’il faut se représenter mentalement –, nous avons d’abord la mère de Maryam (Marie) qui demande à avoir un fils pour le mettre au service de Dieu. Ce fils qu’elle a demandé, la femme de Imrân (Anne), c’est Maryam qu’elle a eue. Donc Maryam est née d’une demande, d’un vœu.
D’un autre côté, Zacharie (Zacharie) demande, lui aussi, un fils pour en faire son héritier et perpétuer la lignée de Imrân. Et nous avons ainsi deux naissances, presque simultanées, qui donnent le jour au Messie (Jésus) et à Yahya, avec un intervalle marqué par Maryam. Mais c’est toujours la même histoire : quelqu’un formule le vœu d’avoir un fils et de le consacrer à Dieu.
Ces récits sont rapprochés dans l’espace, dans le temps, par des signes qui montrent un dévouement absolu. Ces personnages espèrent marcher sur les traces de leurs ancêtres, les prophètes, et avoir, eux aussi, un fils porteur de cette lumière.
La Sourate Maryam commence en parlant de Zacharie, à qui il est dit qu’il a reçu une miséricorde de la part de Dieu – ar-ar-Raḥman. Ce terme, miséricorde, est stupéfiant. Car chaque fois que Dieu veut élever quelqu’un – comme tous les prophètes –, Il emploie d’abord ce terme : « Nous avons accordé Notre miséricorde à al-mukhlisîn [peut-être : Ibsal, purifié], aux gens de la caverne… » La miséricorde précède toujours l’élévation.
Alors, cette miséricorde, est-elle temporaire ? Non. Extra-temporelle ? Oui. Elle sort du temps, car une miséricorde divine n’est pas limitée à un passé, un présent ou un futur. Elle est ouverte, comme cet univers est ouvert, comme ce temps et cet espace sont sans limites. Quand Dieu dit qu’Il accorde Sa miséricorde, c’est déjà un prélude à une révélation plus grande, à quelque chose que nous allons découvrir.
La Singularité de Yahya et Sa Naissance Miraculeuse
Et c’est vrai. Ce prélude, est-ce cette miséricorde qui a fait que Zacharie a souhaité un fils pour en faire son héritier ? Mais ce qui est extraordinaire, c’est ce fils qui va naître – et il est bouleversant. Pourquoi ? Parce qu’il est unique en son genre. Il est la première personne que Dieu, dans Sa miséricorde, donne comme héritage à Zacharie. Mais il est encore beaucoup plus surprenant.
Comprenez bien : quand Zacharie formule ce vœu, il ne fait que parler sous l’effet de la miséricorde. Car ce fils est déjà accordé avant même la demande. Et ce fils, il est le seul dont le Coran dit que c’est Dieu Lui-même qui lui a donné son nom – un nom qu’aucun autre n’a porté avant lui : Yahya.
Ce qui est encore plus frappant, c’est le lien entre Yahya et le Messie, entre les récits de Yahya et ceux de Maryam, de sa mère et de Jésus. Une miséricorde a aussi été accordée à Yahya, car Dieu dit de lui : « Nous lui avons donné la sagesse dès son enfance. » Cela signifie qu’il n’a pas eu besoin d’études, d’efforts ou d’événements particuliers pour acquérir la sagesse – Dieu la lui a infuse directement, comme Il lui a donné « le Livre avec puissance ».
On dirait que Dieu prépare nos souhaits. Il développe en nous les meilleurs vœux, et c’est dans ces vœux purs que, si nous les formulons, nous rencontrons Sa miséricorde, nous comprenons quelque chose.
Quand Dieu dit « Nous lui avons donné la sagesse dès l’enfance », Il a aussi dit, pour le Messie : « Nous lui avons donné la parole dans le berceau », et le Messie témoigne. Mais pour Yahya, non : il reçoit le Coran « avec puissance » et la sagesse « dès l’enfance ». Quel âge a un « enfant » ? Un bébé ? Avant sa naissance ? Après ? Il y a beaucoup de similitudes entre le Messie et Yahya – une époque, une famille, un environnement. L’un est le miroir de l’autre, et c’est interpellant de comprendre ces personnalités et comment Dieu élit ce qu’Il veut.
Le "Hanan" : Tendresse Unique et Proximité Divine
Il y a encore quelque chose de profondément touchant – je crois que c’est le verset 13 de la Sourate Maryam (si mes souvenirs sont exacts) – où il est dit : « Hananan min ladonna » (« Une tendresse de Notre part »).
Ce mot, « Hanân », est employé une seule fois dans le Coran, et uniquement pour Yahya – cet enfant que Dieu a voulu faire naître, à qui Il a donné « avec puissance le Livre », la sagesse « dès l’enfance », et ce « Hanân » de Dieu.
Qu’est-ce que cela signifie, « Hanân » ? Qu’y a-t-il dans ce mot ? Je le dis parce que je suis bouleversé, et dans mes recherches pour le comprendre, je me demande : dans quel esprit pouvons-nous saisir ce « Hanân » ? Quelqu’un a demandé à l’Imam : « Que voulait dire Dieu par « Hanân » à propos de Yahya ? » Notre Imam a répondu que « Hanân » était « le maximum de la grandeur et de la proximité ».
On lui a dit : « zidnî » (« Dis-nous encore »), car d’accord, mais pourquoi ce mot est-il employé uniquement pour Yahya ? Il a dit : « Entre Yahya et Dieu, il y a quelque chose. Et le summum de cette relation, c’est Dieu qui dit à Yahya : « Labbayka, Yahya » » (« Me voici, ô Yahya »).
Alors que nous, lors du pèlerinage, c’est nous qui disons : « Labbayka, Allahoumma » (« Me voici, ô Dieu »). Là, c’est Dieu qui dit « Labbayka » à Yahya.
Ce terme « Hanân », employé une seule fois dans le Coran, montre l’importance de la relation que Dieu entretient avec cette créature qu’est Yahya. Pour le Messie, en revanche, Dieu a dit : « Il m’a ordonné la prière. » Quand Il parle du berceau, il y a ce verset dans la Sourate Maryam où le Messie, enfant, prend la parole. Quelle est la similitude, quelle est la puissance de ces deux personnalités ? L’une comme l’autre, leur histoire est bouleversante.
Et Je t’ai fait exister. De rien, Je t’ai créé. Comment comprendre qu’Il peut créer d’une femme qui n’a « rien » ? Elle n’a pas la semence d’un père, ou bien le père a sa semence, et elle a ses ovules pour qu’ils se combinent… Non, Il va construire de rien. Mais attendez, c’est la même histoire que celle du Messie ! Pourquoi ces deux récits ne font qu’un ? Ce terme « Hanân » – jusqu’où peut-il être une miséricorde, un désir ? Alors, comment comprendre ?
« Point de force ni de puissance si ce n’est par Dieu. » Dieu décide, et Il fait. Dieu donne la miséricorde et fait descendre la lumière. Dieu donne la miséricorde et fait descendre l’eau pour ressusciter les cœurs assoiffés de Sa Face. C’est cette puissance de réflexion que je voulais partager avec vous, pour que vous méditiez les signes de Dieu et la révélation.
Conclusion
Nous sommes dans un monde bouleversant, un monde qui se fabrique et qui éloigne les valeurs de la révélation, des signes de Dieu. Il cherche à nous transformer, à nous faire croire qu’il existe d’autres valeurs que la révélation et les signes divins. Aux chercheurs, aux amoureux de la vérité, cette conscience des signes de Dieu doit les réconforter, les rassurer, leur donner « la puissance du Livre ».
Il y a Yahya, « Khoudh al-Kitâb bi-quwwa » (« Prends le Livre avec puissance »), et la sagesse, et la miséricorde. Je prie Dieu pour qu’Il assiste tous les croyants et toutes les croyantes, de toutes les religions, et en particulier ceux qui se sont soumis à Dieu à travers la dernière révélation. Je prie pour tous les musulmans, en général et en particulier pour le guide de la communauté. Que Dieu protège nos savants, nos religieux, quelles que soient leurs obédiences – Sunnites, Chiites ou autres –, afin qu’ils nous offrent les exégèses du Livre.
Car, mes frères, quand je vous raconte cela, c’est parce que cela me ressuscite, et que cela ressuscite l’eau de la science pour que nous puissions nous raffermir, recevoir par cette eau la miséricorde de la connaissance.
Dieu, nous sommes avec les assoiffés de la recherche et de la science. Nous espérons Ta miséricorde. Nous espérons une parcelle du Livre, de la science et des signes. Nous espérons rencontrer ces élus – le Messie qui doit bientôt apparaître, et le Mahdi. Nous voulons porter leur étendard. Nous voulons, nous espérons que nous et nos enfants soyons dans la prière de Zacharie, pour hériter de tous les prophètes, de la prophétie et des Livres.
Purifie-nous, aide-nous, assiste-nous, protège-nous du malin. « Que la paix soit avec vous. »






