L’Arbre Interdit : Comprendre la Transgression d’Adam
Introduction
« Puis le diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché – leur nudité –, leur chuchota : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre qu’afin que vous ne soyez pas des anges ou des éternels.” Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller.” Alors il les fit tomber par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre, leur nudité leur devint visible. Et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du paradis. Et leur Seigneur les appela : “Ne vous ai-Je pas interdit cet arbre ? Et ne vous ai-Je pas dit que le diable était pour vous un ennemi déclaré ?” »
Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série qui porte sur une réflexion autour de l’homme. Dans l’épisode précédent, nous avons vu comment Iblis a réussi, par son chuchotement, par cette promesse d’éternité et de grandeur, à pousser notre père Adam à désobéir à Dieu en touchant à cet arbre interdit.
Aujourd’hui, nous allons essayer de comprendre : quel est cet arbre auquel notre père a goûté ? Nous allons tenter de saisir ce que ce geste implique pour l’homme et pour notre humanité. Et s’il est possible pour nous d’effacer ce péché originel pour revenir à notre état initial. Pour cela, il nous faut revenir à la révélation.
Le Défi d’Iblis
C’est ce que nous avons tenté de vous expliquer dans l’épisode précédent. Nous comprenons donc, par ce défi, que le fait de goûter à cet arbre interdit devait donner théoriquement à l’homme la possibilité d’une personnalité s’élevant et évoluant par ses propres efforts, par ses propres mérites, par la science et l’expérience qu’il acquiert par lui-même.
Chose dont il n’avait pas besoin dans ce paradis terrestre que Dieu lui avait octroyé. Il apprenait directement de Dieu et jouissait de tous les biens que Dieu lui avait offerts, sans effort ni réflexion.
« Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre qu’afin que vous ne soyez pas des anges ou des éternels. »
Les Effets de la Transgression
La révélation nous dit que cet acte a fait apparaître la nudité d’Adam. Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Cette nudité nous montre que le regard ne s’oriente plus vers le divin, mais qu’il se place désormais sur nous-mêmes. Notre vision a changé. Notre moi s’est manifesté, avec tout ce que cela implique.
Par cette vision de notre nudité, notre corps est apparu, et nous nous sommes dissociés du divin. Notre être spirituel, notre être céleste, a laissé place à l’être de chair, à l’être de matière. Notre manteau de lumière qui nous enveloppait jusqu’alors a disparu pour laisser place à notre nudité.
« Puis, lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre, leur nudité leur devint visible. »
L’Injustice (Dhulm)
Le dernier aspect nous est dévoilé dans la Sourate Al-Baqara, au verset 35.
« Ô Adam, habite le paradis, toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise. Mais n’approchez pas de cet arbre, sinon vous serez du nombre des injustes (dhâlimîn). »
Cette injustice (dhulm) dont Dieu veut nous éloigner lorsqu’Il nous avertit de ne pas toucher à cet arbre, c’est ce moment d’égarement, cet instant où nous avons oublié que Dieu était notre seul pourvoyeur. Cette injustice qui s’est manifestée en nous – et qui se manifeste encore aujourd’hui –, inscrite dans toute l’histoire de notre humanité, dont les anges en sont témoins.
Symbolique de l’Arbre
Cet arbre symbolise donc cette injustice qui nous sort et nous bannit de la destinée que Dieu nous a tracée. Il nous pousse à miser et à agir en fonction de nos propres choix, de notre propre regard, de notre libre arbitre.
Une injustice qui consiste à ne compter que sur la raison, la logique et l’expérience, sur l’analyse, la réflexion et l’intelligence.
Nous sortons ainsi du monde de l’unicité (Tawhid), coupant ce lien primordial que Dieu a voulu pour l’homme, obstruant cette nature humaine de recevoir de Dieu sans rien exiger en retour.
La Chute et la Rédemption
Et voici donc ces deux créatures, Adam et Hawwâ’ (Eve), sortant du paradis, parcourant la terre, devant agir par eux-mêmes, ayant tout perdu :
- Ce paradis, cet ‘Adn (Éden), où tous les bienfaits de Dieu leur étaient consacrés.
- Leurs vêtements de lumière, leur nature première.
- Cette révélation continue que Dieu leur avait donnée.
Dans quel état devaient-ils être ? Une créature si parfaite, ravalée au plus bas des degrés, n’ayant plus que le souvenir, la nostalgie d’un monde révolu, d’une proximité disparue, d’une révélation perdue. N’ayant plus que les regrets, les larmes et les lamentations. Ne sachant pas comment implorer Dieu pour obtenir Son pardon, comment Le supplier de revenir vers eux, comment recevoir Sa miséricorde, Sa grâce et Son absolution.
« Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles (kalimât). Et Dieu agréa son repentir, car c’est Lui, certes, le Tawwâb (Celui qui accepte le repentir), le Rahîm (le Miséricordieux). »
Ces paroles qui lui permettront de revenir vers Dieu, de se repentir, d’être pardonné.
La Dualité de l’Homme
Ainsi, l’homme – l’humanité à travers Adam – s’est vu confier deux voies distinctes :
- Celle donnée par Dieu : sa nature première, ce souffle divin dans ce corps parfait, réceptacle de la révélation divine.
- Celle de la raison : la réflexion, l’expérience et le moi, transmise et symbolisée par cet arbre interdit.
C’est cette dualité qui fait toute la complexité de l’homme. C’est le cœur et l’enjeu du défi d’Iblis – ce que nous verrons dans le prochain épisode de cette série.
Conclusion
En résumé, cet arbre interdit révèle le défi d’Iblis, les effets de la transgression sur notre nudité et notre moi, l’injustice du dhulm qui nous écarte de l’unicité divine, sa symbolique qui nous pousse à compter sur nos propres forces, la chute d’Adam et Hawwâ’ vers la rédemption par le repentir, et enfin la dualité fondamentale de l’homme entre la voie divine et celle de la raison.
« Et Dieu agréa son repentir, car c’est Lui, certes, le Tawwâb (Celui qui accepte le repentir), le Rahîm (le Miséricordieux). »
Que la paix de Dieu soit avec vous, et je vous dis à très bientôt.






