Le Repentir et le Messie : Retour à Notre Origine

Introduction

« Le repentir des prophètes ».

Aujourd’hui, j’aimerais revenir avec vous sur deux sujets. Le premier concerne Cheikh Jamel, qui a développé dans une vidéo remarquable – que je vous invite à regarder – un thème qu’il a intitulé ce titre. Dans cette intervention, Cheikh Jamel nous explique ce qu’est le repentir, At-Tawba. Il établit une distinction fondamentale entre le pardon et le repentir, et nous ramène cette notion à notre origine. Ces enjeux nous sont proposés durant ce mois béni, où le retour à notre essence est une étape nécessaire pour accéder à ce que nous sommes vraiment.

Hier, Cheikh Abdelkrim nous a soumis une réflexion autour du repentir, à travers la révélation et la Sourate At-Tawba [Le Repentir]. Une question ouverte : comment se fait-il que, lorsque Dieu nous parle dans Sourate At-Tawba, nous l’appréhendions comme une miséricorde, une clémence, une nouvelle chance, alors que cette Sourate est d’une grande sévérité ? Elle évoque la guerre, notre attitude envers ceux qui ont déclaré la guerre au message de l’islam et à Dieu. Je ne répondrai pas aujourd’hui à cette interrogation, mais je la laisse en suspens.

Hier soir, j’étais avec deux frères, et nous parlions justement du repentir. L’un d’eux exprimait cette intuition : le repentir, selon lui, n’est pas une démarche purement individuelle, contrairement au pardon, qui relève de l’intime. Pour lui, « nous devons nous repentir ensemble ».

Le Repentir Collectif : Une Invitation à la Communion

C’est dans cet esprit que j’invite aujourd’hui notre famille, nos frères et sœurs qui nous suivent sur internet, à partager ce repentir collectif lors de la nuit bénie du dimanche 23 mars. Nous vous convions, via un live, à vivre cette soirée où nous nous repentirons tous en communion. « Vous et nous ne faisons qu’un dans la repentance. »

Comme l’a si bien dit notre frère Sayyid Ali : « Il suffit des larmes d’un seul d’entre nous pour que notre repentir soit agréé et que nous soyons tous sauvés. » Quelle parole profonde !

Cette idée nous ramène à l’essence du mois béni. Le repentir n’est pas isolé ; il nous unit, nous relie à notre origine commune.

La Deuxième Décade et le Messie : Retour à l’Origine

Passons maintenant à un sujet qui touche à l’essence même de cette deuxième décade du mois béni. Nous avons évoqué les prophètes Yahya [Jean] et Zacharie [Zacharie], mais c’est avec le Messie (Jésus) que cette période prend tout son sens.

Il est frappant de voir comment ce mois nous ramène sans cesse à notre origine, à ce que nous sommes profondément, à notre destinée, et à ce que nous aspirons à devenir – en dépouillant toute personnalité égoïque. Le Messie incarne cette deuxième décade. Par la volonté de Dieu, il représente une curiosité divine dans le monde de la révélation. Avec lui, nous entrons dans une nouvelle équation spirituelle, une vision renouvelée : celle de l’Esprit, celle de l’Esprit Saint (Rûh al-Qudus).

Dieu nous montre, à travers lui, le lien indissoluble entre repentir, origine et Messie. Dans Sourate Âl Imrân (verset 59, si je ne m’abuse), Il déclare : « Dieu prend l’exemple de Jésus, qu’Il a créé comme Il a créé Adam : Il l’a façonné de terre, puis Il lui a dit : « Sois », et il fut. »

Le Messie nous renvoie donc à Adam – non pas l’Adam terrestre, mais l’Adam originel, celui que Dieu a modelé, auquel Il a insufflé de Son esprit et enseigné les noms. Un Adam dont la destinée était d’être Khalifa [vice-gérant, lieutenant de Dieu sur terre].

Comprendre le Messie : L’Acceptation du Choix Divin

Comment saisir la réalité du Messie dans notre vie ? Le Messie est une parole de Dieu (kalimât Allah). Dieu a placé cette parole en Maryam [Marie], et cette parole nous a donné Jésus. C’est ce que la révélation nous enseigne.

Que signifie cela pour nous ?

Maryam n’a pas choisi le Messie ; Dieu l’a choisi pour elle et pour l’humanité.
Cela nous montre que nous devons accepter, prendre et suivre les choix de Dieu, en rejetant tout autre chemin que celui qu’Il a tracé pour nous.

Dès l’origine, Dieu a choisi l’homme. Les anges, par leur questionnement, ne l’ont pas compris. Iblis [Satan] l’a refusé et a voulu imposer son propre choix. Dieu a élu l’homme et nous a destinés à une fin précise, mais à une condition : ne pas sortir du choix qu’Il a fait pour nous.

Or, toute l’année, toute notre vie, nous prenons des décisions contraires. Par raisonnement, par réflexion, par analogie, ou simplement par l’orgueil d’un « moi » qui désire et obstrue la voie de Dieu. Ramadan est là pour nous ramener à Son choix.

Il a choisi les prophètes pour nous ; nous ne les avons pas élus.
Il a choisi Yahya ; ce n’est pas Zacharie qui l’a décidé. Ce dernier a formulé une demande : « Accorde-moi un héritier parmi les enfants d’Isrâ’îl, un héritier qui Te plaise » (cf. Sourate Maryam, 19:5-6). Il a laissé le choix à Dieu. Nous aussi, nous devons laisser Dieu choisir pour nous, en abandonnant tout autre voie que la sienne.

Le Messie et la Notion d’Ummî : La Parole Vivante

Autre élément clé avec le Messie : il incarne la quintessence de l’Ummî [l’illettré, celui qui n’a pas appris des hommes, mais reçoit directement de Dieu].

Il n’y a pas, sur cette terre, plus Ummî que le Messie. Pourquoi ? Parce qu’il est la visibilité même de l’Ummî.
Dieu en a fait un nourrisson qui parlait dès le berceau (cf. Sourate Maryam, 19:29-33). Peut-on imaginer quelque chose de plus Ummî ? La parole de Dieu, placée en Maryam, s’exprime dès la naissance, sans apprentissage, sans expérience.

Cela nous enseigne que :

L’Ummî n’est pas un langage qu’on apprend.
Ce n’est pas une connaissance acquise par l’expérience.
Ce n’est pas en mémorisant le Coran qu’on obtient la parole vivante.

Dieu nous montre, à travers le Messie, que la parole est vivante. Il nous la fait comprendre par tout ce que Jésus a accompli durant sa première vie – car il doit revenir pour une deuxième étape, celle de la parole incarnée. Notre mission ? Cultiver cette parole en nous, jusqu’à ce qu’elle résonne et prenne forme.

La Parole Qui Guérit : Le Pouvoir du Verbe Divin

Prenons un exemple tiré des récits révélés : un Romain vient trouver le Messie. Son enfant (ou un proche) est malade. Il a entendu parler des miracles de Jésus et lui demande de venir le soigner. Mais le Messie est hébreu, et le Romain, romain – les coutumes interdisent ce contact. Par crainte des représailles, le Romain dit : « Une parole de toi suffit. Je sais qu’il sera guéri. » Et en effet, dès son retour, l’enfant était rétabli.

Cette histoire nous rappelle que :

« Il n’y a qu’une parole. »
Cette parole que nous devons rechercher, désirer.
Cette parole qui redonne la vue à nos aveuglements.
Cette parole qui nous soigne, car nous sommes des lépreux spirituels.
Cette parole qui nous ressuscite, car nous sommes morts [à Dieu].

C’est la parole de Dieu, conférée au Messie. Les récits de la révélation sont à la fois :

Un souvenir (Dhikr).
Un rappel (tadhkira).
Une leçon (‘ibra).
Un miroir de notre nature originelle, cette destinée que Dieu nous a assignée, mais dont Iblis nous a détournés en nous plongeant dans le temps chronologique, avec sa dualité : le choix de Dieu vs. nos choix égoïques.

Mourir à Notre Personnalité : Renaître à la Révélation

Nous passons notre vie à construire une personnalité – à travers nos raisonnements, nos réflexes, notre environnement, nos désirs. Or, nous devons faire mourir cette personnalité factice pour revenir à la personnalité de la révélation.

Il est paradoxal de constater combien il nous est facile de choisir par nous-mêmes, et combien il nous est difficile de laisser Dieu choisir pour nous – alors que ce devrait être l’inverse.

Le choix de Dieu nous élève.
Nos choix nous rabaissent et, comme le dit la Sourate At-Tawba, ne font que « nous nuire à nous-mêmes » (9:71).

Prenez l’exemple des jeunes aujourd’hui :

Ils sont séduits par l’intelligence artificielle, le numérique, les influenceurs.
Ils voient ces derniers voyager, exhiber des voitures de luxe, et ils veulent leur ressembler.
Ils se mettent à imiter, à produire des vidéos, espérant obtenir les mêmes récompenses terrestres.

Alors que Dieu nous propose un choix qui nous ramène au paradis perdu, à notre fitra [nature originelle], où notre nom sera prononcé dans la lumière divine. « In shâ’ Allah. »

Conclusion

En résumé, ce mois béni nous invite au repentir collectif, à accepter le choix divin incarné par le Messie, à cultiver la parole vivante et à mourir à notre ego pour renaître à notre origine. Le lien entre repentir, origine et Messie nous guide vers une vie alignée sur la volonté de Dieu, loin des illusions du monde.

« Il suffit des larmes d’un seul d’entre nous pour que notre repentir soit agréé et que nous soyons tous sauvés. »