La Parabole des Deux Jardins : Dualité en l’Homme et Illusions de la Civilisation
Introduction
« Au nom de Dieu, ar-ar-Raḥman, le Clément, salutations fraternelles à tous. »
Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série qui porte sur une réflexion autour de l’homme. Nous avons vu, dans l’épisode précédent, que l’homme, lorsqu’il fait le choix d’évoluer en occultant la nature que Dieu lui a donnée, d’évoluer par ses propres moyens, d’évoluer grâce à ses outils de réflexion et d’analyse – qui sont apparus du fait de la désobéissance de notre père Adam –, le mieux qu’il puisse accomplir, le summum, c’est une civilisation éphémère ayant l’illusion d’un paradis, d’une hauteur et d’une grandeur qui ne peut être égalée ou dépassée.
Enjolivant ses actions, ses possessions et le monde qu’il s’est construit, l’homme oublie que c’est Dieu qui l’a créé et qu’Il lui a tout donné. À l’instar de cette histoire, de cet exemple, de cette parabole que Dieu nous donne dans la révélation : l’histoire des deux jardins.
La Parabole des Deux Jardins dans la Sourate al-Kahf
En effet, dans la Sourate al-Kahf, à partir du verset 32, Dieu nous dit :
« Donne-leur en exemple deux hommes. À l’un d’eux, Nous avons assigné deux jardins de vignes que Nous avons entourés de palmiers, et Nous avons placé entre les deux jardins des champs cultivés. Les deux jardins produisaient leur récolte sans jamais manquer, et Nous avons fait jaillir entre eux un ruisseau. »
Nous voyons ainsi que Dieu prend en exemple deux hommes. Ces deux hommes, nous les symbolisons aujourd’hui par cette dualité dont nous avons parlé dans l’épisode précédent.
Les Deux Visages de l’Homme
- L’un se construisant par lui-même, comptant sur ses efforts, sa puissance, son clan, ses biens pour s’élever et acquérir un rang supérieur. À l’image des grandes civilisations qui ont jalonné l’histoire de notre humanité.
- L’autre, éveillé en Dieu, conscient de ce qu’il est et reconnaissant envers son Créateur.
À celui-ci, Dieu a donné ces deux jardins dans lesquels Il a tout mis pour son bien-être : un ruisseau, des fruits, des palmiers, des récoltes en abondance, lui offrant par Sa grâce un environnement propice à son confort et à son épanouissement.
Pourtant, cet homme pense que tout cela est le résultat de son travail, de ses efforts, et que ses bienfaits lui sont acquis pour toujours. Séduit par cette beauté, ce confort et cette puissance qu’il a acquis à travers son clan, sa civilisation, il croit dominer le monde et les hommes par sa puissance et ses richesses.
Et il y avait des fruits, dit-il alors à son compagnon avec qui il conversait :
« Je possède plus de biens que toi, et je suis plus puissant que toi grâce à mon clan. »
Il entra dans son jardin, coupable envers lui-même, et dit :
« Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr, et je ne pense pas que l’Heure viendra. Et si jamais je suis ramené vers mon Seigneur, je trouverai certes un meilleur lieu de retour que ce jardin. »
Le Rappel du Compagnon
Son compagnon lui répondit, tout en conversant avec lui :
« Serais-tu de ceux qui renient Celui qui t’a créé de terre, puis de sperme, puis t’a façonné en homme ? »
Ainsi, cet homme croit posséder un bien, un royaume, une civilisation impérissables, ainsi qu’une hauteur et une stature inégalables. Lorsqu’il affirme que son jardin ne pourra jamais périr et qu’il ne peut y avoir rien de mieux, il tombe dans la séduction d’Iblis.
Tout comme Iblis a promis à notre père Adam le rang des anges et l’immortalité s’il touchait à cet arbre interdit, il a enjolivé les actions et les biens de cet homme. L’homme montre alors toute l’étendue de son arrogance, de sa cupidité, de son avarice et de son injustice, qui le caractérisent lorsqu’il pense avoir atteint l’apogée de sa puissance, de sa civilisation.
Mais un rappel lui est donné par son compagnon, comme le disent les versets suivants :
« Mais c’est Lui, Allah, qui est mon Seigneur, et je n’associe personne à mon Seigneur. Si seulement, en entrant dans ton jardin, tu avais dit : “Telle est la volonté d’Allah ! Il n’y a de puissance qu’en Allah !” En me voyant moins pourvu que toi en biens et en enfants, il se peut que mon Seigneur, bientôt, me donne quelque chose de meilleur que ton jardin : qu’Il envoie sur celui-ci, du ciel, quelques calamités, ou que son sol devienne glissant, ou que son eau tarisse, de sorte que tu ne puisses plus la retrouver. »
Ainsi, son compagnon lui rappelle :
- Sa nature, sa création, ses origines ;
- Que c’est Dieu qui donne ce qu’Il veut, à qui Il veut ;
- Que Dieu reprend ce qu’Il veut, quand Il le veut ;
- Que ce ne sont ni sa puissance, ni ses biens, ni sa richesse qui font de l’homme un homme ;
- Que tous ses acquis, ses biens, sa civilisation ne sont ni éternels, ni aussi élevés qu’il pourrait le penser ;
- Qu’il existe quelque chose de plus grand, de plus haut, de meilleur pour l’homme, que Dieu réserve à ceux qu’Il choisit.
Les Conséquences et la Leçon Divine
Et c’est alors que la parole de son compagnon devient créatrice, comme le dit la suite de cette parabole :
« Sa récolte fut détruite, et il se mit à se tordre les mains à cause de ce qu’il avait dépensé, tandis que ses treilles étaient complètement ravagées. Et il disait : “Que je souhaite n’avoir associé personne à mon Seigneur !” Il n’eut aucun groupe pour le secourir, en dehors d’Allah, et il ne put être secouru. En ce lieu, la souveraine protection appartient à Allah, le Vrai. C’est Lui la meilleure récompense et le meilleur résultat. »
Ainsi, l’histoire des deux jardins nous rappelle cette dualité ancrée en l’homme. Nous nous plaçons, chacun d’entre nous, à des degrés plus ou moins variés, dans l’un de ces deux personnages.
Aujourd’hui, avec cette civilisation de l’intelligence artificielle qui commence à apparaître, il est nécessaire que les hommes éveillés – à la recherche de l’inspiration et de la révélation – témoignent et rappellent, à l’image de ce compagnon :
- À notre humanité,
- À cette civilisation de l’intelligence artificielle, avec toute la séduction qu’elle comporte,
De ne pas oublier :
- La nature première que Dieu a conférée à l’homme ;
- Que, malgré le confort et le bien-être qu’elle apporte, cette civilisation n’aura que l’illusion d’un faux paradis ;
- Qu’elle n’aura que l’illusion d’une hauteur et d’une grandeur appelées à disparaître inévitablement.
Conclusion
Cette histoire, cet exemple, cette parabole des deux jardins : nous devons tous nous y arrêter, tous y méditer profondément. Car elle comporte en elle un mystère, un secret, qui nous permettra, si Dieu le veut, d’y goûter, afin de mieux comprendre ce qu’est l’homme, mieux comprendre ce que nous sommes, mieux comprendre les enjeux eschatologiques auxquels nous sommes confrontés.
« Que la paix de Dieu soit avec vous. »






