L’Homme : Sa Nature, sa Création et les Enjeux Eschatologiques
Introduction
« Qu’est-ce que l’homme ? »
Aujourd’hui, j’aimerais vous présenter une nouvelle série, un sujet de réflexion bien particulier que nous développerons durant les prochaines semaines. J’aimerais que nous méditions ensemble sur ce grand thème de la révélation qu’est l’homme. Pour essayer de comprendre, de cerner et de répondre à cette simple question – qui recèle en elle énormément de mystères, de sciences et de conscience. Quelle est sa réalité, sa fonction, sa finalité ? Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme ? Dans quel but ? Selon quel dessein ?
La Création de l’Homme et la Prosternation des Anges
Bienvenue dans le premier épisode de cette série qui portera sur une réflexion autour de l’homme. Comme nous l’avons expliqué dans notre vidéo de présentation, la compréhension de ce qu’est l’homme peut nous amener à une conscience de nous-mêmes qui ouvrira des portes jusque-là insoupçonnées. Elle nous permettra, in shā’ Allah :
- de nous éveiller,
- de nous transformer vers ce que nous sommes vraiment,
- de nous rapprocher de notre nature profonde, de ce pour quoi Dieu nous a créés.
Pour comprendre ce qu’est l’homme, il est nécessaire de revenir à ses origines, à sa création, et donc à la Genèse. Lorsque Dieu décida de créer une nouvelle créature – l’homme –, Il en informa les anges. Dans la Sourate 15 (Al-Hijr), à partir du verset 28, Dieu nous dit : « Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : “Je vais créer un homme d’argile crissante, extrait d’une boue malléable. Et dès que Je l’aurai harmonieusement formé et lui aurai insufflé de Mon esprit, prosternez-vous devant lui.” Alors tous les anges se prosternèrent, excepté Iblis, qui refusa d’être avec les prosternés. »
Aujourd’hui, nous allons nous cantonner à parler uniquement de l’ange et de la vision qu’il a de l’homme. Dieu ordonna donc à l’ange de se prosterner. Pourquoi ? Parce qu’Il avait attribué à l’homme trois spécificités qu’il faut bien garder en tête, car elles sont essentielles pour comprendre ce qu’est l’homme.
Les Trois Particularités de l’Homme
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Première particularité : Il a été créé d’argile, de boue malléable, de terre. C’est sa première spécificité : une nature terrestre. L’ange est lumière, Iblis est feu (nâr), l’homme est terre (tîn).
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Deuxième particularité : Il a été façonné de la plus belle des manières, avec perfection.
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Troisième particularité – et c’est la plus importante – : Dieu a insufflé en lui de Son esprit (min rūḥī). C’est à ce moment-là que les anges se sont prosternés, à l’exception d’Iblis.
La nature des anges, contrairement à celle d’Iblis, est la lumière (nûr). Ils n’ont été créés que pour :
- la louange (tasbîh),
- la glorification (ta‘ẓîm) de Dieu, dans un mouvement perpétuel d’adoration.
Dans la Sourate 39 (Az-Zumar), verset 75, Dieu nous dit : « Et tu verras les anges faisant cercle autour du Trône, célébrant les louanges de leur Seigneur. » Il est important de comprendre que c’est dans le mouvement que les anges louent Dieu et Le glorifient. Leur nature ne leur permet ni d’évoluer, ni de changer, ni de se transformer.
- Ils sont ce qu’ils sont,
- ils sont ce qu’ils ont toujours été,
- ils sont ce qu’ils seront toujours.
Ils ne se regardent pas et n’ont de science que ce que Dieu leur enseigne. Chez eux, il ne peut y avoir ni ego, ni moi. Chaque parcelle de leur être est dirigée exclusivement vers Dieu. Ils sont dans une obéissance totale, entièrement tournée vers les louanges et la glorification de leur Seigneur.
Pourtant, dans un verset – celui de la Sourate 2 (Al-Baqara), verset 30 –, Dieu nous dit : « Lorsque ton Seigneur dit aux anges : “Je vais établir sur la terre un Khalifa.” Ils dirent : “Vas-Tu établir quelqu’un qui mettra le désordre et répandra le sang, alors que nous, nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ?” Il dit : “En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas.” »
Dans ce verset, nous voyons que les anges questionnent Dieu à propos de l’homme. Ils sont dans une incompréhension et une interrogation. Cette interrogation se comprend par la vision limitée de l’ange sur l’homme, à laquelle Dieu répond : « Je sais ce que vous ne savez pas. » Ils n’ont vu de l’homme que ce qu’il allait accomplir dans un temps bien déterminé de l’histoire de l’humanité :
- depuis la descente d’Adam sur cette terre,
- jusqu’à un point donné.
Et entre ces deux extrémités, les anges n’ont vu que :
- le meurtre,
- le sang,
- la guerre,
- la désobéissance de l’homme,
- son arrogance,
- son injustice,
- son rejet de Dieu et de Ses signes,
- son opposition à la révélation, aux prophètes et aux hommes de Dieu.
Il faut bien comprendre que les anges ne sont pas dans une vision du futur, dans une prédiction ou une prévision. Lorsqu’ils voient l’homme commettre ces désordres, pour eux, c’est un présent. Cela s’explique par :
- leur nature,
- leur mouvement,
- leur position.
En effet, chaque créature possède une nature et des particularités qui lui sont propres :
- L’ange : sa nature est la lumière. Il se nourrit de la lumière de la science qu’il reçoit de Dieu pour Le louer et L’adorer. Il n’évolue pas. Il ne peut sortir de ces deux fonctions que Dieu lui a attribuées : la louange et l’adoration. Il est constamment en mouvement, de par sa nature lumineuse qui lui confère une certaine vitesse et rapidité d’exécution.
- Le Djiin (Iblis) : sa nature est le feu. Il se nourrit et évolue par la science qu’il acquiert au fur et à mesure de son expérience. Il est également dans un mouvement différent de celui des anges, une vitesse qui progresse en fonction de son évolution.
- L’homme (Adam) : sa nature est la terre. Cette terre n’a pas de mouvement en soi ; elle est une matière immobile. L’homme a été créé et façonné par Dieu de manière parfaite. Il recèle en lui cette perfection nécessaire pour recevoir l’esprit de Dieu. Il est ainsi directement nourri par l’inspiration divine. Il n’a besoin ni de mouvement ni d’expérience pour acquérir la science qui lui provient de Dieu.
Ces trois créatures ont donc un rôle et une fonction bien particulier dans la révélation, de par leur nature et leur spécificité.
Le Défi d’Iblis et la Séduction de l’Homme
Bienvenue dans ce troisième épisode de notre série sur l’homme. Dans l’épisode précédent, nous avons essayé d’expliquer l’erreur d’Iblis, qui pense que son expérience, ses mérites et sa nature le rendent supérieur à l’homme. Cela l’a amené à proposer à Dieu un défi concernant l’homme.
Mais en quoi consiste ce défi ? Quelle forme prend-il pour l’homme ? Comment Iblis œuvre-t-il à sa réalisation ? Et comment l’homme peut-il s’en prémunir ? Lorsque Iblis refusa de se prosterner et comprit ce par quoi il avait été séduit, il dit, dans le verset 79 de la Sourate Sad : « Seigneur, accordé-moi donc un délai jusqu’au jour où ils seront ressuscités. » Dieu lui répondit : « Tu es de ceux à qui un délai est accordé jusqu’au jour de l’Instant bien connu. » Puis Iblis déclara : « Par Ta puissance, je les séduirai assurément tous, sauf Tes serviteurs mukhliṣîn (sincères) parmi eux. »
Ainsi, un délai a été accordé à Iblis. Ce délai, dont seul Dieu a connaissance, correspond au temps imparti pour réaliser ce pour quoi il a défié l’homme : un temps nécessaire pour séduire l’homme. Cette séduction est d’une importance capitale pour comprendre ce défi.
- Quelle est-elle ?
- Comment se traduit-elle ?
- Comment compte-t-il l’imposer à l’homme ?
Pour cela, il est nécessaire de revenir à ce qu’Iblis entend lorsqu’il affirme : « Je les séduirai tous », ou lorsqu’il dit, dans la Sourate 7 (Al-A‘râf), verset 16 : « Ce par quoi j’ai été séduit. » Il faut bien comprendre qu’Iblis veut faire tomber l’homme dans le même piège dans lequel il est tombé lui-même. Il veut séduire l’homme de la même manière qu’il a été séduit. Et c’est là tout l’enjeu de son défi.
On pourrait croire – comme beaucoup d’entre nous le pensent – que le défi d’Iblis consiste à :
- nous détourner de Dieu en nous faisant commettre des péchés,
- nous faire succomber aux passions de nos âmes,
- nous faire assouvir nos désirs les plus bas.
Mais est-ce vraiment cela ? Est-ce de cette manière qu’Iblis a chuté ? Est-ce de cette manière qu’il a été séduit ? Est-ce que c’est cela qui nous séduira ? Est-ce que c’est cela le défi d’Iblis ? Non, il n’en est rien. Ce n’est pas tout cela. Le défi d’Iblis se place à un tout autre niveau.
Pour bien le saisir, il nous faut revenir à la révélation. Une première piste de compréhension de cette séduction nous est donnée par cette histoire venue au commencement du défi : celle de notre père Adam au Paradis, à qui Iblis suggère de toucher ce que Dieu lui interdit de toucher. En effet, dans la Sourate 20 (Ṭā Hā), verset 120, la Sourate 7 (Al-A‘râf), versets 19 et 20, Dieu nous dit : « Puis le diable le tenta en disant : “Ô Adam, t’indiquerai-je l’arbre de l’éternité (shajaratu-l-khuld) et un royaume impérissable (mulkun lā yablā) ?” » « Ô Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse, et mangez-en à votre guise. Mais n’approchez pas de cet arbre, sinon vous serez du nombre des injustes. » « Puis le diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché (leur nudité), leur chuchota : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre qu’afin que vous ne soyez pas des anges ou des éternels (khâlidîn).” Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller.” » « Alors il les fit tomber par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté de l’arbre, leur nudité leur devint visible, et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. »
Nous avons donc ici trois éléments essentiels qui nous permettent de comprendre :
- Ce par quoi Iblis a été séduit,
- Ce par quoi il veut séduire l’homme :
- Un royaume impérissable (mulkun lā yablā),
- Devenir des anges (malā’ika),
- L’éternité ou l’immortalité (khuld).
Nous pouvons comprendre, à travers ce royaume impérissable, que le diable veut amener notre humanité dans une vision d’un monde immuable, éternel, l’illusion d’un faux paradis, un mirage qui piégera l’homme et le séduira. Iblis veut amener l’homme à un autre degré où il dépassera sa condition humaine pour en faire :
- un être supérieur,
- un homme 2.0,
- un homme pensant avoir atteint un niveau céleste, le niveau des anges.
Iblis veut également piéger l’homme dans un semblant d’éternité, dans un semblant d’immortalité, où l’homme, par :
- son expérience,
- sa maîtrise de la science acquise tout au long de son histoire,
- son intelligence et sa raison, rendra possible l’allongement de sa vie jusqu’à se penser – ou se croire – immortel.
Ainsi, le cœur du projet d’Iblis, ce défi qu’il a lancé, cette séduction, consiste à nous faire croire que nous pouvons accéder à l’éternité par nos propres moyens :
- par nos efforts,
- par notre expérience,
- par notre science,
- par notre intelligence,
- par notre mérite,
- par nous-mêmes.
Et c’est à la fin des temps, lors des temps eschatologiques – c’est-à-dire maintenant –, que son projet prend toute sa dimension. Ce défi, qui a pris le temps de toute l’histoire de notre humanité pour :
- se construire,
- se manifester,
- se réaliser,
- se concrétiser,
aujourd’hui, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, un Dajjâl (antéchrist) qui séduira presque toute l’humanité avec ses possibilités infinies :
- une IA qui nous construira ce faux paradis, ce royaume impérissable,
- une IA qui élèvera tellement l’homme qu’il pensera avoir atteint le plus haut des degrés,
- une IA qui nous fera miroiter un semblant d’éternité.
Une intelligence artificielle qui nous séduira tous, hors un petit groupe : Ses fidèles serviteurs que Dieu a choisis, cette chevalerie spirituelle qui :
- ne se laissera pas leurrer par cette séduction,
- se lèvera pour l’avènement du Messie (Jésus) et du Mahdi,
- et qui sonnera le glas d’Iblis et de son projet maléfique.
L’Arbre Interdit et la Chute de l’Homme
Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série sur l’homme. Dans l’épisode précédent, nous avons vu comment Iblis a réussi, par son chuchotement, cette promesse d’éternité et de grandeur, à pousser notre père Adam à désobéir à Dieu en touchant à cet arbre interdit.
Aujourd’hui, nous allons essayer de comprendre :
- Quel est cet arbre auquel notre père a goûté ?
- Ce que ce geste implique pour l’homme et pour notre humanité.
- S’il est possible pour nous d’effacer ce “péché originel” pour revenir à notre état initial.
Pour cela, il nous faut revenir à la révélation. « Puis le diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché (leur nudité), leur chuchota : “Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre qu’afin que vous ne soyez pas des anges ou des éternels.” Et il leur jura : “Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller.” Alors il les fit tomber par tromperie. »
Nous avons donc ici trois éléments clés pour comprendre la nature de cet arbre :
- L’arbre de l’éternité (shajaratu-l-khuld) → l’immortalité.
- Le désir de devenir des anges → l’élévation à un rang céleste.
- La nudité → la révélation de la faiblesse humaine.
Qu’est-ce que cela signifie ? L’arbre interdit représente la connaissance interdite, celle qui pousse l’homme à :
- vouloir dépasser sa condition humaine,
- chercher l’immortalité par ses propres moyens,
- se prendre pour un être supérieur, comme un ange ou un dieu.
C’est l’orgueil (kibr) qui a fait chuter Iblis, et c’est le même orgueil qui a fait chuter Adam.
Conséquences pour l’Humanité
Depuis ce jour, l’homme est tiraillé entre deux voies :
- La voie de la soumission à Dieu (islam) → reconnaître sa nature terrestre et sa dépendance au Créateur.
- La voie de la rébellion (‘isyân) → vouloir se suffire à soi-même, chercher l’immortalité et la toute-puissance par la science et la technologie.
Exemple historique : Pharaon. Dans la Sourate 79 (An-Nazi‘ât), verset 24, Pharaon déclare : « “C’est moi votre Seigneur, le Très-Haut !” » Pharaon incarne l’apogée de cette rébellion :
- Il se prend pour un dieu.
- Il construit une civilisation qu’il croit impérissable.
- Il tombe dans l’illusion de l’éternité.
Dieu nous met en garde dans la Sourate 96 (Al-‘Alaq), versets 6-7 : « Non ! L’homme, certes, devient rebelle, dès qu’il s’estime riche. »
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans le temps de l’eschatologie. Une civilisation ultime, mondiale et globale, séduira l’ensemble de l’humanité, hormis une infime exception. Cette civilisation ne sera rien d’autre que :
- le fruit du défi d’Iblis arrivé à maturité,
- où l’homme, par :
- son intelligence,
- sa maîtrise du quantique,
- l’intelligence artificielle, atteindra un sommet jamais égalé dans l’histoire.
Mais tout cela n’est qu’illusion :
- Un faux paradis,
- une hauteur éphémère,
- une éternité qui n’en est pas une.
Notre devoir aujourd’hui :
- Être conscients de cette séduction.
- Abandonner notre raisonnement égoïste.
- Ne compter que sur Dieu.
- Rejoindre cette chevalerie spirituelle qui préparera l’avènement du Messie et du Mahdi.
Le Khalīfa : L’Homme comme Vice-Gérant de Dieu
Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série sur l’homme. Dans l’épisode précédent, nous avons tenté d’aborder avec vous ce qu’était le Khalifa : celui que Dieu nous a destiné, un Khalifa céleste auquel tout est consacré.
Ce Khalifa, il ne faut surtout pas le confondre avec ce qui a pu exister dans l’histoire de notre humanité. En effet, Dieu nous dit dans la révélation qu’Il a fait Khalifa des peuples et des nations se succédant les uns aux autres, comme dans les versets suivants : « Qui vous a fait Khalifa sur la terre après eux, pour voir comment vous agirez ? » (Sourate 6, Al-An‘âm, verset 165). « N’est-ce pas Lui qui sécurise l’angoissé quand il L’invoque, qui enlève le mal et qui fait de vous des Khalifa sur la terre ? »
Il faut bien comprendre que ce Khalifa dont Dieu parle dans ces versets n’est pas le Khalifa céleste auquel Il a destiné l’homme à travers Adam. Il s’agit d’un Khalifa terrestre où le défi d’Iblis est omniprésent. Il ne peut s’agir, en aucune manière, du Khalifa céleste, car :
- ce Khalifa terrestre est imprégné de la présence d’Iblis,
- et donc du raisonnement, de l’analyse, de l’expérience,
- une personnalité qui obstrue la possibilité de réalisation du Khalifa céleste.
Même si Dieu a choisi des hommes détachés de ces outils de réflexion pour leur donner l’inspiration et la révélation, leur tâche n’était que de :
- préparer l’humanité à l’avènement de ce Khalifa céleste,
- par une éducation, un enseignement, une pédagogie divine.
Il n’y a eu qu’une seule fois dans l’histoire de notre humanité où Dieu a donné un aperçu de ce qu’était ce Khalifa céleste : aux prophètes David (David) et Salomon (Salomon), que la paix de Dieu soit sur eux. « Nous avons effectivement donné à David et à Salomon une science. Et ils dirent : “Louanges à Allah, qui nous a favorisés parmi beaucoup de Ses serviteurs croyants.” Et Salomon hérita de David et dit : “Ô hommes, on nous a appris le langage des oiseaux, et on nous a donné part de toute chose. C’est là vraiment la grâce évidente.” » (Sourate 27, An-Naml, verset 16).
- David : en tant que personne Khalifa,
- Salomon : en tant que gérant du royaume du Khalifa.
Dans toute la révélation coranique, Dieu nous parle explicitement du Khalifa en employant ce terme bien précis dans neuf versets :
- Deux fois au singulier (khalīfatān),
- sept fois au pluriel (khala’if ou khalā’if).
Lorsque Dieu emploie ce mot au pluriel, Il nous parle :
- des communautés,
- des peuples,
- des nations qui ont reçu l’héritage de la terre après d’autres générations.
Il nous parle de l’homme lorsqu’il prend l’autorité sur la terre, lorsqu’il en prend la gestion, la gouvernance. Il nous parle de cet homme déchu, ayant cette dualité en lui, devant affronter ce défi qu’Iblis lui a imposé. Il nous parle de cet homme prenant ses décisions, faisant ses choix et cheminant à travers cette dualité.
Mais lorsque Dieu emploie ce terme au singulier, c’est tout autre chose. Il ne l’emploie que deux fois dans toute la révélation :
- Pour Adam (Sourate 2, Al-Baqara, verset 30).
- Pour David (Sourate 38, Sad, verset 26).
Pour Adam, nous avons tenté de l’expliquer dans l’épisode précédent. Quant à David, dans la Sourate 38 (Sad), verset 26, il est dit : « Ô David, Nous avons fait de toi un Khalifa sur la terre. Juge donc entre les hommes avec équité et ne suis pas la passion, sinon elle t’égarera loin du sentier d’Allah. »
Nous voyons par là que ce qui qualifie le Khalifa que Dieu a donné à David, c’est :
- le fait de juger,
- de trancher,
- de décréter.
Il juge entre les hommes en toute équité, selon la volonté divine, avec :
- science,
- sagesse,
- discernement.
Mais Dieu nous rappelle que David ne doit pas juger avec passion, car ce Khalifa, même s’il lui est donné et qu’il le matérialise d’une certaine manière, il reste présent à ce monde où le défi d’Iblis est omniprésent. C’est en ce sens que nous pouvons comprendre que, même si Dieu nous donne ici un exemple de ce que sera le Khalifa, cela reste réduit aux limites que Dieu lui a définies.
Quant à Salomon, c’est un royaume que Dieu lui a octroyé, un royaume qui est un indice de ce que pourrait être le royaume du Khalifa céleste. En effet, lorsque Salomon a eu cette vision prémonitoire d’un jassad (corps sans âme) assis sur son trône, ce jassad que nous avons identifié comme étant ce robot, cette intelligence artificielle, ce Dajjâl, cet antéchrist technologique, nous comprenons que :
- l’homme, en cherchant à dépasser sa condition par la science et la technologie,
- construit un faux Khalifa, une fausse éternité, un faux paradis.
Aujourd’hui, les enjeux sont là. Nous devons tous être conscients de cette réalité. Nous devons abandonner :
- notre raisonnement égoïste,
- nos calculs,
- notre orgueil.
Nous devons ne compter que sur Dieu, ne nous laisser inspirer que par Sa parole, afin de rejoindre, in shā’ Allah, cette chevalerie spirituelle de la fin des temps qui :
- fera face à ce Dajjâl, cette intelligence artificielle,
- préparera et accompagnera l’avènement du Messie (Jésus) et du Mahdi.
Conclusion
Cette série sur l’homme nous invite à méditer sur sa création d’argile insufflée de l’esprit divin, sur le défi d’Iblis qui nous séduit par l’illusion d’une éternité auto-construite via la science et la technologie, sur la chute symbolisée par l’arbre interdit qui révèle notre faiblesse humaine et notre dualité entre soumission et rébellion, et enfin sur le rôle du Khalifa comme vice-gérant céleste, opposé aux illusions terrestres du Dajjâl. Elle nous éveille à une conscience profonde pour affronter les enjeux eschatologiques actuels, en nous tournant vers Dieu et en rejoignant les serviteurs sincères qui préparent l’avènement du Messie et du Mahdi. « Nous devons ne compter que sur Dieu, ne nous laisser inspirer que par Sa parole. »






