La Sincérité et l'Histoire de David et Salomon dans la Sourate Sad
Introduction
« Laissez votre cœur ouvert pour recevoir ce que Dieu veut bien vous donner. »
Mes frères et mes sœurs, je cherche refuge en Dieu contre Satan, le lapidé, et au nom de Dieu, ar-ar-Raḥman, le Clément. La louange à Dieu, Seigneur des mondes, la prière, la paix, les bénédictions sur le messager de Dieu ainsi que sur sa sainte famille, et aussi sur l'ensemble des prophètes, des messagers, des envoyés, de leurs héritiers respectifs, et que la paix soit sur vous tous.
C'est un plaisir de vous retrouver après une semaine et la dernière analyse que nous avions effectuée, qui était un appel sincère et profond à l'unité. Incha'Allah, avec la permission de Dieu, le message est transmis et il est arrivé là où il devait, et il a atteint les cœurs qu'il devait atteindre.
Le Thème de la Sincérité
Mes frères et mes sœurs, je vais entreprendre cette analyse en débutant par le thème de la sincérité. C'est quoi être sincère ? « La sincérité est quelque chose qui donne à l'homme une force particulière, qui le fait rentrer dans un monde de la certitude. »
Pourquoi cette sincérité le fait rentrer dans la certitude et pas dans l'incertitude ? Tout simplement parce que l'homme sincère a un esprit ouvert, c'est-à-dire être prêt à recevoir de là où ça vient.
Notre gros problème à nous, les hommes de manière générale, et les religieux ou ceux qui ont la foi, c'est de suivre des choses que l'on a acquises et que l'on prend comme étant la base de notre foi et de nos analyses. « Nos petites certitudes, c'est quand on acquiert à travers un savoir, à travers une science, à travers des études, à travers des réflexions, à travers une tradition surtout. »
L'Anecdote sur l'Unité et la Certitude
La semaine dernière, j'avais abordé le thème de l'unité, cette unité que nous devons construire par l'acte entre toutes les fois, toutes les religions, pour aboutir à l'universalité de la foi. Parce qu'en définitive, nous n'adorons qu'un seul Dieu et que ce Dieu nous appelle à une foi universelle.
Je vous avais parlé d'une personnalité avec laquelle j'ai encore des relations, notre ami et frère Schmil Borman, qui est un juif orthodoxe avec lequel nous avons construit une unité concrète dans l'acte. Il y a maintenant une quinzaine d'années, alors que nous étions en train de manifester à l'occasion de la guerre de 2006 avec le Liban, il fait cette déclaration : « Même si j'étais le dernier juif à faire ce que je fais aujourd'hui, je continuerai à le faire. »
Voilà un homme sincère. Un homme sincère pourquoi ? Parce qu'il est prêt à tous les défis et à relever tous les défis parce qu'il sait où il va. Et cette certitude, elle n'est due qu'au fait que nous sommes prêts à recevoir de là où Dieu veut bien nous donner. « Le problème, c'est justement nos petites certitudes qui nous empêchent d'atteindre la vraie certitude. »
Les Petites Certitudes et l'Infaillibilité des Prophètes
Prenons un exemple aléatoire : le thème des prophètes, est-ce que les prophètes sont infaillibles ou est-ce qu'ils ne le sont pas ? Les savants se sont posé la question avant nous, ils ont fait des recherches, des réflexions, et honorable est leur réflexion.
Mais notre problème aujourd'hui, c'est que nous héritons d'une réflexion qui était peut-être juste à leur époque, mais que nous nous arrêtons à cette conclusion. Par exemple, une grande majorité pense que tous les prophètes sont infaillibles, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas faire d'erreur.
Et donc nous partons de cette base-là, nous la prenons comme une certitude, et à partir du moment où on vient remettre ça en question, on bloque. « Ah non mais non, mais attends frère, tu ne peux pas remettre ça en question, les prophètes, les grands savants l'ont dit, les prophètes sont infaillibles. »
Nous nous empêchons de rentrer dans la vraie certitude parce que nous sommes convaincus par des petites certitudes qui ne sont que les réflexions d'hommes comme vous et moi. Honorable est leur réflexion, mais si nous la prenons comme une tradition sur laquelle on ne peut plus réfléchir, on tombe dans le piège.
Un homme sincère est toujours prêt à remettre en question ces petites certitudes. Si Dieu lui montre une voie différente de ce qu'il a hérité, il suit la voie de Dieu et ne persiste pas dans ses convictions traditionnelles.
La Vérité Vivante et la Révélation
« La vérité est quelque chose qui se révèle. La vérité est quelque chose qui se manifeste. La vérité est quelque chose qui n'est pas figée dans un temps ou dans une époque. »
La vérité prend des dimensions, des proportions, des visions différentes selon l'époque, la contrée, le contexte dans lequel je suis. Et c'est pour ça que la révélation est vivante.
Beaucoup ont dit des prophètes qu'ils étaient des hérétiques ou des fous, parce qu'ils sont restés accrochés à des traditions. Mais la particularité d'un prophète, c'est qu'il reçoit la révélation. Il nous montre que nous avons la permission de Dieu de recevoir de Dieu.
« C'est-à-dire que Dieu nous invite à une religion vivante et il nous invite à recevoir de lui. Nous ne sommes pas coupés de la révélation. »
Notre religion n'est pas inflexible, elle est vivante. Celui qui est véritablement un amoureux de Dieu, sincère dans sa foi, ne reste pas figé dans ces petites certitudes héritées.
L'Invitation à la Réflexion pour Tous
Ce thème de la sincérité est important pour chacun d'entre nous. En réalité, les études peuvent nous mettre des barrières, nous empêcher d'aller plus loin. Alors que Dieu nous invite à la religion où il dit : « Dis : Seigneur, augmente ma science. »
Pourquoi demander à Dieu d'augmenter notre science si on reste cantonné à ce que nous savons ? « Basta, ça y est, j'ai étudié, j'ai hérité, j'ai l'islam, j'ai le Coran, on ne parle plus. »
Non, le Coran est là pour nous éveiller, pour nous réveiller, pour que nous fassions le Tadabbur, c'est-à-dire de la recherche. Et ça s'adresse à tout le monde.
Je m'adresse aux savants qui ont fermé les portes et qui empêchent les gens de réfléchir en disant : « Non, vous n'êtes pas des savants, vous n'avez pas étudié, vous ne pouvez pas réfléchir. » Mensonge ! Lorsque le Coran parle, il invite tout le monde à s'interroger, à se poser des questions et à rechercher.
Dieu n'a pas dit que c'est seulement les savants qui doivent réfléchir. Chacun a sa particularité et peut contribuer à apporter un éclairage dans cette création. La lumière est pour tous.
Comme le dit l'Imam Ja‘far Sadiq : « La science, ça n'est pas dans l'excès d'études, non, la science est une lumière que Dieu projette dans le cœur de qui il veut. »
Transition vers la Sourate Sad
De là, je vais vous plonger, incha'Allah, dans la Sourate Sad, qui est la Sourate numéro 38 du Saint-Livre. On va relire ensemble le début de cette Sourate, et l'esprit dans lequel Dieu nous plonge pour arriver pas à pas à l'histoire de David et à l'histoire de Salomon.
Pourquoi Dieu nous fait ce récapitulatif descriptif de la scène ? Pour que nous puissions apprécier cette histoire et voir où il veut nous emmener.
La Sourate Sad évoque aussi ce dont je viens de parler, mais il faut avoir un peu d'expérience dans la recherche, dans s'interroger. Lorsque nous lisons le livre de Dieu, les interrogations apparaissent. Ces interrogations ne sont pas là pour nous faire douter, mais pour nous faire goûter, pour opérer une recherche qui donne naissance à une inspiration divine.
Dieu vous insuffle un esprit, vous inspire, vous fait comprendre des choses intuitives à travers ce cœur.
Je vais lire avec vous une partie de ces versets en français, et demander aux arabophones de se référer au texte arabe. Pardonnez si la traduction n'est pas fidèle à 100%, mais ce qui est important, c'est d'ouvrir l'esprit pour recevoir la lumière, parce que la lumière dépasse les mots.
Dieu a fait descendre un livre et avec lui, la lumière. C'est le livre de la lumière. Être de ceux qui se questionnent sur la création des cieux et de la terre ouvre des univers et permet au cœur de capter cette lumière.
Le Début de la Sourate Sad
Dieu commence par « Bismillah ar-ar-Raḥman ar-ar-Raḥim », au nom de Dieu, le Clément. « Sad. Par le Coran au renom glorieux, dit Dhikr, celui qui rappelle, celui qui est un souvenir. »
Ensuite : « Ceux qui ont mécru sont plutôt dans l'orgueil et le schisme. Que de générations avant eux avons-nous fait périr qui ont crié hélas quand il n'était plus temps d'échapper. »
Et ils s'étonnèrent qu'un avertisseur parmi eux leur soit venu, et les infidèles disent : « C'est un magicien et un grand menteur. » Voilà l'histoire qui se répète.
Dieu met les gens en situation en parlant du passé pour montrer que c'est l'actualité. Ils ont traité le prophète de menteur, de magicien.
Comment reconnaît-on un grand homme, le messager à l'époque ? Pas par son apparence physique, ni ce qu'il a dit, ni ce qu'il a fait, mais par la lumière de ce qu'il a fait, de ce qu'il a dit, et la lumière à travers laquelle il apparaissait physiquement.
Voilà ce qui fait la différence entre ceux qui voient et ceux qui ne voient pas. Aujourd'hui, c'est la même histoire.
L'Histoire de David
Endure ce qu'ils disent et rappelle-toi David, notre serviteur doué de force et plein de repentir. Nous soumîmes les montagnes à glorifier Dieu soir et matin en sa compagnie. De même que les oiseaux assemblés en masse, tous ne faisant qu'obéir à lui.
Et nous renforçâmes son royaume et lui donnâmes la sagesse et la faculté de juger.
Était-elle parvenue la nouvelle des disputeurs quand ils grimpèrent au mur du sanctuaire ? Quand ils entrèrent auprès de David, il en fut effrayé. Ils dirent : « N'aie pas peur, nous sommes tous deux en dispute, l'un de nous a fait du tort à l'autre, juge donc en toute équité entre nous, ne sois pas injuste et guide-nous vers le droit chemin. »
« Celui-ci est mon frère, il a 99 brebis, tandis que je n'ai qu'une brebis et il m'a dit, confie-la-moi et dans la conversation il a fait beaucoup pression sur moi. »
Alors David dit : « Il a été certain juste envers toi en demandant de joindre ta brebis à ses brebis. Beaucoup de gens transgressent les droits de leurs associés, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres. Cependant ils sont bien rares. »
Et David pensa alors que nous l'avions mis à l'épreuve. Il demanda donc pardon à son Seigneur et tomba prosterné et se repentit. Alors nous lui pardonnâmes, il aura une place proche de nous et un beau refuge.
Nous n'avons pas créé le ciel et la terre et ce qui existe entre eux en vain, c'est ce que pensent ceux qui ont mécru. Malheur à ceux qui ont mécru pour le feu. Traiterons-nous ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres comme ceux qui commettent du désordre sur terre ou traiterons-nous les pieux comme les pervers ?
Dieu a fait de David un Khalifa. Avant d'arriver à cette histoire, il nous plonge dans l'univers de l'humanité tombée dans un piège, en suivant des traditions héritées, pensant détenir une puissance.
Le Concept de Khalifa et l'Erreur de David
Khalifa, c'est Dieu qui va faire un Khalifa sur terre, donner sa représentation à l'homme. L'homme va être le vicaire de Dieu, représenter Dieu sur la terre.
On s'imagine que le Khalifa c'est l'excellence, le top du top. Mais en lisant le Coran, on voit que David a fait des erreurs, et Salomon aussi. Les prophètes font des erreurs dans leur parcours vers Dieu, mais ce ne sont pas des péchés comme ceux des gens du mal.
Ils tombent dans un piège, mais Dieu les inspire, ils demandent pardon et retrouvent la voie.
« Le Khalifa il fait des erreurs. » Qu'est-ce que ça veut dire ? L'erreur de David, c'est qu'il est potentiellement Khalifa et pense porter un jugement lui-même, alors que c'est Dieu qui juge.
David comprend qu'il n'aurait pas dû faire cela, mais laisser à Dieu. Être Khalifa, ce n'est pas une position haute pour décider selon son âme, mais pour que Dieu soit à travers toi la manifestation de son ordre.
Mustakhref, c'est Dieu qui fait de toi un Khalifa. Ce n'est pas toi qui décides, mais Dieu qui fait les choses. David demande pardon, et Dieu revient vers lui.
L'Histoire de Salomon
Et là, Dieu vient avec un verset de transition : « Un livre que nous avons fait descendre vers toi, béni, pour qu'ils méditent ses versets et pour que les doués de sens et d'intelligence s'interrogent. »
De là, nous rentrons dans l'histoire de Salomon. Et à David, nous fîmes don de Salomon. Quel bon serviteur ! Il était plein de repentir.
Quand un après-midi, on lui présenta de magnifiques chevaux de course. Il dit : « Oui, je me suis complu à aimer les biens de ce monde au point d'oublier le rappel de mon Seigneur jusqu'à ce que le soleil se soit caché derrière son voile. »
Ramenez-les, alors, et il se mit à leur couper les pattes et les cous. Et nous avions certes éprouvé Salomon en plaçant sur son siège un corps. Et il se repentit.
Il dit : « Seigneur, pardonne-moi et fais-moi don d'un royaume tel que nul après moi n'aura de pareil. C'est toi le grand dispensateur. »
Par quoi a-t-il séduit Salomon ? Salomon aussi, Khalifa de Dieu. Il est séduit par la beauté et le monde dans lequel Dieu l'a fait vivre. Un royaume magnifique, tout ce que vous pouvez imaginer de beau.
Salomon est un croyant, un prophète, un homme de Dieu. Quand Dieu dit qu'il a été séduit par la beauté de ce qu'il avait, ce n'est pas à la manière des gens du mal, ceux qui suivent leurs passions et les plaisirs de la chair.
Conclusion
Mes frères et mes sœurs, à travers la sincérité, nous ouvrons notre cœur à la vraie certitude, en remettant en question nos petites certitudes héritées. La révélation est vivante, invitant tous à réfléchir et à recevoir la lumière de Dieu, comme dans la Sourate Sad qui nous plonge dans l'univers des générations passées pour nous montrer le piège des traditions figées.
L'histoire de David et Salomon nous enseigne que même les khalifas font des erreurs dans leur parcours, mais demandent pardon et manifestent l'ordre divin. La science et la vérité ne sont pas figées ; elles se révèlent à travers un cœur ouvert.
« La science est une lumière que Dieu projette dans le cœur de qui il veut. »






